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eXcentrer : Espaces identitaires

Randa Maddah, Emilie Serri, Guillermo Trejo, Kim Waldron

8 septembre
18 octobre 2020

À propos

Commissariat : Marthe Carrier, Stéphanie Chabot, Emmanuelle Choquette et Émilie Granjon

Citoyens du monde, qui sommes-nous, exactement? Les mirages de la mondialisation sont-ils en train de niveler, voire d'effacer nos appartenances culturelles, sociales et politiques au profit d'une économie planétaire qui n'a que faire des frontières et des États? À quoi tiennent nos territoires? Quelles en sont les sources souterraines? Pour cette exposition, Espaces identitaires, les artistes ont puisé dans ces registres. Ils nous proposent des œuvres qui abordent, sur un mode intimiste, ces filiations.

La vidéo de Randa Maddah nous entraîne sur les hauts plateaux du Golan, sa terre d'origine (l'artiste vit maintenant en France), qui jouxte les frontières d'Israël, de la Syrie, de la Jordanie et du Liban. Dans un lent rituel de gestes issus du quotidien – elle balaie et nettoie les lieux, meuble l'espace, l'ornemente – l'artiste se réapproprie une maison en ruine, détruite lors des bombardements israéliens ayant eu lieu en 1967. En occupant cette maison abandonnée, l'artiste met en scène des mécanismes de résistance et de réappropriation.

Née à Montréal d'une mère belge et d'un père syrien, Émilie Serri examine sa filiation avec la Syrie, un pays qu'elle a très peu connu. L'installation vidéo Green Screen (R0G255B0) se compose d'un écran lumineux, un green screen suspendu. D'un côté de l'écran, on entend la voix de son père racontant des fragments de sa Syrie natale, entrecoupée d'une voix de synthèse référant à des guides touristiques. De l'autre côté, projetées, on peut lire des phrases glanées sur le web, extraites du quotidien de Syriens y vivant. Aucune image : seules subsistent les paroles et les écrits, auscultant une expérience réelle ou fantasmée d'un pays aujourd'hui peu accessible.

Guillermo Trejo, artiste mexicain vivant à Ottawa, nous propose une œuvre où il trace la ligne officielle de sa double identité : il réunit, en une seule image, les photographies extraites de ses deux passeports dont il reproduit également les rectos, accompagnés de leurs numéros de matricule. Pour la série Protesta, dont il propose ici une nouvelle itération, l'artiste extrait des phrases des médias publics et sociaux qu'il réinjecte dans l'espace de la galerie. Il reprend ainsi les techniques de recouvrement des graffitis utilisés par le gouvernement mexicain pour masquer l'affichage intempestif d'une dissidence flagrante.

La série Made in Québec de Kim Waldron, réalisée en Chine, présente l'artiste se mettant en scène dans des situations de travail variées. Elle offre son temps en reconnaissance de l'importante contribution chinoise à l'accessibilité des biens de consommation, dont profite largement l'Occident. Vêtue d'un sarrau gris, on peut voir l'artiste cuisiner dans un restaurant, livrer des bouteilles d'eau, confectionner des vêtements et nettoyer les sols : ces différents contextes performatifs mènent dès lors à des réflexions à caractère social ou politique.